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GRF : Elèves acteurs de la lecture analytique
8 décembre 2011

Ruy Blas, classe de première

Vu le temps qu'il me faudrait et que je n'ai pas pour mettre le texte en forme sur le blog, je le mets en pièce jointe pour que vous puissiez le consulter tel qu'il a été conçu.

 

RUY_BLAS_I_1

 





         ENTRONS DANS LES TEXTES PAR LERESSENTI DES ELEVES





 



Texte étudié : Victor Hugo, Ruy  Blas, I, 3 vers 281-320, Don César, Ruy
Blas



Documents complémentaires : Delacroix, La
liberté guidant le peuple
, 1830



                                                     Caspar David Friedrich, Le
rêveur
, 1835



 





                                                  Ruy Blas



Donne- moi ta main
que je la serre,



Comme en cet heureux
temps de joie et de misère



Où je vivais sans
gîte, où le jour j’avais faim,



Où j’avais froid la
nuit, où j’étais libre enfin !



-Quand tu me
connaissais, j’étais un homme encore.                                                   285



Tous deux nés dans
le peuple, - hélas !c’était l’aurore !-



Nous nous
ressemblions au point qu’on nous prenait



Pour frères ;
nous chantions dès l’heure où l’aube naît,



Et le soir devant
Dieu, notre père et notre hôte,



Sous le ciel étoilé
nous dormions côte à côte.                                                                
290



Oui, nous partagions
tout. Puis enfin arriva



L’heure triste où
chacun de son côté s’en va.

Je te retrouve, après quatre ans, toujours le même,



Joyeux comme un
enfant, libre comme un bohème,



Toujours ce Zafari,
riche en sa pauvreté,                                                                      
295



Qui n’a rien eu
jamais et n’a rien souhaité !



Mais moi, quel
changement ! Frère, que te dirais-je ?



Orphelin, par pitié
nourri dans un collège



De science et
d’orgueil, de moi, triste faveur !



Au lieu d’un ouvrier
on a fait un rêveur.                            
                                         300



Tu sais, tu m’as
connu. Je jetais mes pensées



Et mes vœux vers le
ciel en strophes insensées,



J’opposais cent
raisons à ton rire moqueur.

J’avais je ne sais quelle ambition au cœur.

A quoi bon travailler ? Vers un but invisible                                                               
305



Je marchais, je
croyais tout réel, tout possible,



J’espérais tout du
sort !-Et puis je suis de ceux



Qui passent tout un
jour, pensifs et paresseux,



Devant quelque
palais regorgeant de richesses,



A regarder entrer et
sortir des duchesses.-                                                                   
310



Si bien qu’un jour,
mourant de faim sur le pavé,



J’ai ramassé du
pain, frère, où j’en ai trouvé :



Dans la fainéantise
et dans l’ignominie.



Oh !quand
j’avais vingt ans, crédule à mon génie,



Je me perdais ,
marchant pieds nus dans les chemins,                                                 
315



En méditations sur
le sort des humains ;



J’avais bâti des
plans sur tout,- une montagne



De projets ; -
je plaignais le malheur de l’Espagne ;



Je croyais, pauvre
esprit, qu’au monde je manquais…



Ami, le résultat, tu
le vois :-un laquais !                                                                        320





 



Présentation de la démarche :



 



 



 



Le
travail qui suit a été effectué avec une classe de première S. Il prend place
dans la seconde séquence, après un mois de travail avec la classe, à un moment
de l’année où il s’agit à la fois d’amener les élèves à s’exprimer librement et
à prendre conscience de la validité de certains de leurs jugements, fondée par
une lecture précise du texte.



 



L’étude de l’œuvre de
Victor Hugo vise à brosser, à travers le personnage de Ruy Blas, un portrait du
héros romantique qui porte en lui le « Mal du Siècle ». Cette
dernière notion a déjà été expliquée lors de l’introduction de la
problématique. Il s’agit ici du premier passage étudié.



 



On tente d’accoutumer les
élèves à une démarche d’analyse des textes à partir des sentiments éprouvés à
première lecture. Une fiche de type tableau permettant de valoriser ces étapes aura
été distribuée  à cet effet à la classe
et sera complétée par chaque élève. Un visualisateur permettra de projeter le document
au tableau ; ce dernier sera complété soit par le professeur soit par des
élèves au fur à mesure du travail.



 



 



La
première étape du travail se développe en une séance d’une heure, après des
recherches préalables au niveau du vocabulaire. Après une première lecture du
professeur, l’élève indique par écrit ses sentiments. Mise en commun et
élaboration d’un plan suivront.



 



Une seconde lecture, de
l’élève cette fois, conduira  à une
justification des éléments de lecture retenus par un choix de citations
pertinentes, recopiées sur la fiche de prise de notes. Certains procédés
pourront être relevés sans que l’analyse de ceux- ci constitue un objectif
prioritaire.



 



 



Un
double travail personnel de l’élève effectué à la maison, visera à faire une
synthèse rédigée des caractéristiques du héros romantique. Chaque élève fera
également une brève recherche sur les deux tableaux, de Delacroix et
Friedrich,    proposés pour une
confrontation avec le texte.



 



Une seconde séance
reviendra sur les synthèses rédigées, en mettant plus l’accent sur
l’exploitation des citations et montrera , à l’examen des toiles projetées via
internet, que celles- ci illustrent deux des facettes du héros
romantique : l’aspiration à l’idéal et le rêve.



 



           



Les
documents qui suivent constituent le bilan du travail effectué par les
élèves ; un commentaire plus détaillé sera distribué à l’issue de l’étude
à la classe en support pour
les révisions   de
l’oral de l’EAF.



 



 



 



 



 



 



 



 



 



 



                   

 

 


 

CONTEXTE


 

 - éléments
  historiques et allusions culturelles


 

  - recherches
  sur l’auteur


 

  - vocabulaire


 

 


 

 


 

 

 


 

Eléments de recherche éclairant le sens littéral du
  texte :


 

 


 

- XIXème
  siècle et « Mal du Siècle ».


 

- V. Hugo
  et le drame romantique.


 

 


 

Vocabulaire : bohème, ignominie, crédule


 

 

 


 

PREMIERE APPROCHE


 

 


 

 


 

 


 

 

 


 

Exprimez votre ressenti, définissez les SENTIMENTS que
  vous avez éprouvés à la première lecture du texte :


 

 

 


 

MISE EN COMMUN


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

CORRECTIONS


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

PLAN PROPOSE :


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 

 


 

Voici les éléments de
  réponse apportés par la classe :


 

 


 

Enthousiasme à
  l’évocation du passé heureux de Ruy Blas   


 

Déception en découvrant
  le caractère inabouti de ses rêves.


 

Révolte face à la société
  qui ne lui a pas donné la chance de s’accomplir.


 

Pitié face à la
  souffrance d’un homme qui se juge avec clairvoyance.


 

Empathie lorsque le
  personnage exprime sa nostalgie d’un temps heureux.


 

Admiration devant les
  idéaux que le héros exprime.


 

Compassion face au dégoût
  de soi exprimé par Ruy  Blas.


 

 


 

Eléments  cités s’apparentant  aux sentiments exprimés par le  personnage :    amitié pour Dom César


 

 


 

Dégoût de soi


 

                                             Nostalgie d’un temps révolu


 

Précisions sur le
  vocabulaire employé :


 

Compassion = cum patior =
  souffrir avec


 

Sentiment qui pousse à
  plaindre autrui et à partager ses maux


 

Empathie = en+pathie, sur
  sympathie


 

Faculté de s’identifier à
  quelqu’un, de ressentir ce qu’il ressent lui-même.


 

 


 

 


 

 


 

Mise en place d’une
  structure simple :


 

I- EMPATHIE. Partage
  de l’enthousiasme exprimé par Ruy-Blas à l’évocation du temps béni de la
  fraternité.


 

 - lien entre Ruy Blas et Dom César : champ
  lexical de la fraternité.


 

- évocation d’une liberté
  au quotidien.


 

- rappel des instants
  heureux : verbes à l’imparfait d’habitude.


 

 


 

II- COMPASSION. On
  souffre avec Ruy Blas lorsqu’il évoque :


 

- le déchirement de la
  séparation : « l’heure triste ».


 

- sa nostalgie d’une
  époque heureuse : « cet heureux temps » est représenté à
  travers l’image de l’ « aurore » ;
  l’opposition « de joie et de misère » la définit.


 

- Le dégoût de soi et la
  volonté de se justifier qui l’habitent :   chute  accentuée par la
  ponctuation : « le résultat, tu le vois -un laquais. »


 

 


 

III- LA REVOLTE. On
  est indigné par le sort réservé à cet homme :


 

- on admire son caractère
  idéaliste : « je jetais mes pensées et mes vœux vers le
  Ciel » ; « j’avais bâti 
  des plans sur tout » Caractère déjà incertain des
  verbes : « je croyais », « j’espérais », accompagnés
  de l’indéfini « tout ».


 

- on est déçu en le
  voyant incapable d’agir : le champ lexical de l’ambition est traité de
  manière floue : « je ne sais quelle ambition » ;
  « vers un but invisible ». Il se décrit aussi comme un rêveur 
  qualifié négativement de  « pensif et paresseux » et méprise
  son occupation futile : « regarder entrer et sortir les
  duchesses »


 

- on éprouve de la colère
  face à une société qui ne lui a pas permis de réaliser ses rêves.


 

 


 

 

 


 

APPROFONDISSEMENT


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 

 


 

De cette analyse ressort
  nettement le portrait du héros romantique
. Bilan à rédiger par les
  élèves.


 

1-Un personnage inadapté
  à la société dans laquelle il vit
 :


 

Un orphelin, un
  plébéien  qui a reçu une instruction
  qui ne lui a servi qu’à nourrir ses rêves et l’a donc transformé en
  « rêveur », occupé à composer des « strophes insensées »
  alors qu’il était destiné à être « ouvrier ». Un homme maudit,
  sacrifié.


 

2- Un idéaliste aux
  aspirations grandioses mais imprécises et qui substitue le rêve à l’action
.


 

Perdu dans les projets,
  ambitieux, idéaliste, le héros ne parvient pas à agir, ses
  « pensées », « méditations », « plans »,
  « ambitions » ne le mènent à rien. Bref, un idéaliste incapable
  d’agir, un doux rêveur.


 

 


 

 


 

Lectures cursives
  effectuées
 : extraits de Hernani, Lorenzaccio, Chatterton.


 

 


 

 

 


 

TRAVAIL COMPLEMENTAIRE


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 


 

 

 


 

Analyse comparative de
  deux tableaux incarnant le héros romantique.


 

Eugène Delacroix, La
  liberté guidant le peuple
, 1830.


 

Caspar David Friedrich, Le
  rêveur
, 1835.


 

 


 

Les auteurs :
  deux chefs de file de la peinture romantique.   


 

-   Delacroix, peintre français 1798-1863


 

-   Caspar David Friedrich, peintre allemand 1774-1840
 


 

 


 

Les scènes :


 

-         
  une 
  scène de révolution inspirée de la révolution de Juillet 1830 qui a
  renversé Charles X et conduit le peuple parisien derrière les barricades.


 

-         
  une scène bucolique que l’on peut
  rapprocher d’un autre tableau du même auteur : « Voyageur
  contemplant une mer de nuages ».


 

 


 

Les lieux et les
  personnages :


 

-   sur  un champ de bataille, une fille du peuple s’avance,
  foulant  des cadavres, entourée
  d’adolescents et de jeunes révolutionnaires en armes. Coiffée du bonnet
  phrygien rouge, brandissant fusil et drapeau, elle se présente comme une
  allégorie de la liberté, l’incarnation de l’engagement politique.


 

-   adossé à une fenêtre en ogive, le poète
  apparaît, réfugié dans une église en ruines envahie par la nature, au cœur de
  la forêt. Vêtu de noir, le cheveu lâché, le regard perdu dans les lointains,
  il représente le jeune romantique, trouvant refuge dans la nature. Cette
  dernière a une valeur allégorique : c’est le lieu de rencontre avec le
  divin.


 

 


 

Rapport  au texte : deux images du héros
  romantique


 

- le héros fougueux et idéaliste


 

- l’être fragile et
  impuissant, le rêveur


 

 


 

 


 


  
  
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
  
  
  
 
  
       
 
  
 

 
 

 


 
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